mardi 19 mars 2013

Ne pas travailler pour gagner plus ? C’est faux.





Ces derniers jours un tableau a beaucoup fait parler de lui sur Internet. Ledit tableau compare la situation financière d’une famille de cinq personnes, l’une bénéficiant du RSA, l’autre gagnant un petit salaire. La conclusion de ce tableau reprend une rengaine bien connue et chérie de la droite : en France, on gagnerait plus en ne travaillant pas.
Le fait que ce tableau mensonger ait été partagé plus de 100.000 fois sur Facebook met en exergue la prégnance de cette légende selon laquelle «Les pauvres coûtent trop cher», et sa variante « Nous vivons dans un pays d’assistés ».
Le problème prend une autre dimension lorsque ces idées nauséabondes sont reprises par des personnalités publiques, comme Laurent Wauquiez qui a déclaré il y a deux ans :
Aujourd’hui, un couple qui ne travaille pas, qui est au RSA, en cumulant différents systèmes de minima sociaux, peut gagner plus qu’un couple dans lequel une personne gagne un SMIC.
Le journal en ligne Rue89, dans un article du 12 mars dernier, s’est pris au jeu du tableau comparatif. Et le résultat est bien différent…
Quand le premier tableau montre un écart de revenus de 500€ au bénéficie de la famille touchant le RSA, le second tableau, celui de Rue89, estime à 605€ l’écart de revenus, en faveur de la famille gagnant un SMIC.
Martin Hirsch, créateur du RSA, s’est lui aussi livré à ces savants calculs, et parvient à la même conclusion : non, vivre du RSA ne permet pas de gagner plus d’argent qu’un SMIC.
Une « double peine », voilà ce à quoi sont souvent confrontés les plus démunis, selon les mots de Jean-Christophe Sarrot, de l’association ATD-Quart Monde. Celui-ci continue :
Ca fait souffrir beaucoup de gens. Ils n’arrivent pas à joindre les deux bouts à partir du 15 du mois et on leur dit qu’ils gagnent plus que les gens qui travaillent.

La stigmatisation de la pauvreté

La polémique autour de ce tableau fait écho à une problématique plus large : la stigmatisation des familles démunies. Celles-ci sont successivement accusées de ne pas chercher un emploi, de frauder, et autres stéréotypes encore. La France, quant à elle, distribuerait trop de minimas sociaux et à des montants trop élevés.
L’association ATD Quart-Monde a décidé de prendre à bras le corps le problème de la stigmatisation et a listé toutes ces idées fausses, avant de les réfuter une à une, avec à l’appui des chiffres officiels et des rapports d’experts. 
Concernant la fraude au RSA, s’il ne faut pas la nier, il ne faut pas non plus l’ériger en « mal français ». Dans la campagne « Combattre la pauvreté, c’est d’abord combattre nos préjugés », ATD-Quart-Monde rappelle quelques chiffres : la fraude au RSA représente certes 60 millions d’euros, mais le travail non-déclaré par les entreprises fait, quant à lui, perdre aux finances publiques 190 millions d’euros, et le montant de la fraude fiscale s’élève à 2,9 milliards d’euros…
Aussi important que la pauvreté et ses conséquences sociales, il y donc aussi le regard de la société : la stigmatisation et l’exclusion. Rappelons à cet égard la tribune de Christophe Deltombe, président d’Emmaüs France, parue en mars 2012 sur le site du Plus-Nouvel Observateur. S’adressant aux candidats à l’élection présidentielle, il déclarait :
Il faut combattre l’exclusion, pas les exclus. 

Un gouvernement totalement engagé dans la lutte contre la pauvreté

Tandis que pauvreté et précarité se développent en France à cause du contexte économique morose, le gouvernement du Premier ministre Jean-Marc Ayrault a mis en place en décembre dernier un plan complet de lutte contre la pauvreté.
Ce plan comprend diverses mesures dont :
  • La revalorisation du RSA
  • L’amélioration du recours aux prestations sociales, alors que 70% des bénéficiaires du RSA activité n’en font pas la demande,
  • Un soutien au programme européen de soutien aux plus démunis,
  • L’extension des tarifs sociaux du gaz et de l’électricité,
  • Un meilleur accompagnement des familles précaires,
  • La construction de 150.000 logements sociaux par an.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire